Eh oui... dans la famille des coiffes nantaises, je demande... la coiffe de Nantes ! Il fallait bien y venir un jour ou l'autre !
Bien entendu, il n'y a pas "une" seule coiffe de Nantes, chaque atelier de lingère ayant sa propre "patte", chaque quartier de la ville peut être différencié, de la même manière, certaines corporations pouvaient également avoir leur propre mode.
Dans le cas de la présente coiffe, on peut difficilement faire plus nantais, étant donné que cette coiffe était portée par Louise Florence, concierge à la cure de la cathédrale.
Voici cette coiffe après restauration :
Car il s'agit bien de restauration ! En effet, au premier abord, la coiffe semblait en relativement bon état. Elle était encore paillée, mais présentait quelques trous. Après lavage... il y a souvent des surprises et là... les trous s'étaient agrandis, et de nouveaux sont apparus ! Mais rien d'irrécupérable à mon sens, à la condition cependant de réussir l'épreuve de l'amidonnage (souvent, l'empois plus que collant a pour effet d'agrandir les trous... et de déchirer la coiffe lors du décollement de la planche à repasser !).
L'étape suivante a consisté à rajouter des petites pièces de tulle collées à l'amidon pour consolider les trous. Cette technique reste visible certes (vous pourrez le voir sur les photos, au milieu du paillage), mais c'était celle qui était traditionnellement utilisée par les lingères... donc respect ! De plus, il s'agit bien de restauration, ce qui sous-entend des techniques douces et réversibles. Là, lors du prochain lavage, les pièces de tulle se décolleront, laissant la coiffe dans son état initial.
Pour bien se rendre compte du travail effectué, voici quelques photos comparatives présentant l'état dans laquelle elle m'a été confiée, puis après mon intervention (malheureusement, les photos ne rendent pas bien compte de la couleur d'origine... franchement soutenue dans les tons ocre/marron !) :
Evidemment, au premier abord on peut se dire qu'il ne suffit que d'un bon coup de fer et de quelques pulvérisations de Fabulon... Mais si vous lisez les pages de ce blog pour la première fois, sachez que la restauration d'une coiffe de ce type nécessite le démontage complet avant réamidonnage, paillage et finitions ! C'est le charme de la technique !
Pour terminer cet article, il est important de signaler le travail de broderie sur cette coiffe, puisqu'elle est entièrement brodée main. Bien entendu, la passe et le fond sont comme dans la majorité des cas, brodés main (ici, le motif est d'ailleurs particulièrement léger), mais la dentelle bordant la coiffe est souvent mécanique. Dans le cas présent, elle est elle-aussi brodée main, ce qui ajoute une valeur considérable à cette pièce. Pour les amoureux de broderie sur tulle, une petite photo du motif du pignon, en forme de goutte d'eau :
Guillaume Blin